Si cinq femmes se sont rendues à la soirée «Bonbon rose» organisée par Cathy, elles ont préféré garder l’anonymat. Le tabou reste. LE NOUVELLISTE .

Les soirées sex-toys attirent toujours autant de femmes. Reportage à Sion.

Le coin-coin du plaisir

20 heures, jeudi, dans un appartement sédunois. L'ambiance est plutôt colorée dans le salon de Cathy pour sa première soirée «Bonbon rose» - nom de la société lausannoise proposant la vente à domicile de sex-toys et autres gadgets pour se faire plaisir. Cathy sourit, légèrement tendue pour sa première soirée en tant que vendeuse. Cette maman d'une petite fille de 8 mois a décidé de se lancer dans cette activité pour arrondir ses fins de mois. «Je trouvais ça plus sympa que de vendre des bijoux, des bougies ou des Tupperware».

Car le principe est le même que pour toutes ces sociétés de démonstration-vente à domicile. Les clientes se réunissent pour découvrir les produits et faire leurs commandes, en toute confidentialité. Pour sa première soirée, Cathy accueille cinq jeunes femmes entre 30 et 40 ans. D'autres, qui s'étaient inscrites, n'auront pas osé faire le pas. «C'est encore assez tabou malgré tout», lance l'une des participantes qui ne cessera de faire de l'humour toute la soirée pour apprivoiser son malaise. «Au début, on sent un peu de gêne, mais après, cela se décontracte. Comme on est entre femmes, ça va mieux», souligne Cathy.

Sur la table du salon trônent des sex-toys de toutes formes et de toutes couleurs. Y compris les fameux canards. «Ce n'est pas forcément ceux-là qui ont le plus de succès», ajoute la vendeuse. «En fait, j'ai parfois l'impression que certaines femmes l'achètent plus pour la déco. C'est marrant d'en mettre sur le bord de la baignoire, comme pour dire qu'on est à l'aise avec ces choses-là», lance une participante.



Des huiles de massage...

20 h 10. La pré-sentation peut commencer. Les cinq femmes sont assises sur deux divans, les regards fixés sur ces étranges objets. Debout, Cathy commence par détailler les huiles et bougies de massage, et autres poudres censées rendre la peau soyeuse. Un début en douceur. Les clientes se passent les bouteilles, sentant et goûtant chaque arôme. «C'est drôle, c'est comme si j'avais laissé un peu de confiture sur ma main, sans l'effet collant. Ça a bon goût en plus!», s'enthousiasme l'une d'entre elles en testant une huile de massage à la pêche. «Cela peut faire partie des préliminaires avec son mari», suggère alors la vendeuse. «Ah oui, c'est toi qui es le dessert finalement», réplique alors l'une des jeunes femmes en riant.

...aux sex-toys colorés

L'attention des clientes monte encore d'un cran quand la vendeuse détaille chaque sex-toy. Elle présente les «anciens modèles» fonctionnant avec des piles et les nouveaux «rechargeables comme le natel». «Pour une heure de charge, vous avez trois heures d'autonomie», explique Cathy. «Ah, c'est plus que pour mon homme!», rigole alors l'une des participantes.

Puis, chacune touche les sex-toys, les uns après les autres, du grand violet au petit vert pomme. «Ça existe dans de nombreuses couleurs si jamais», ajoute Cathy. Les discussions s'enflamment lorsque la vendeuse explique le fonctionnement d'un objet télécommandé à distance par le conjoint. «Ce sex-toy a beaucoup de succès, car c'est le mari qui choisit la vibration de la femme. Comme lorsqu'ils sont au restaurant par exemple?»

Deux heures plus tard, les participantes remplissent leur bulletin de commande. Pour chacune, la soirée aura été ludique et instructive. «J'avoue que je n'ose pas aller dans un magasin spécialisé en sex-toys. Au moins là, il y a moins de gêne», souligne l'une d'entre elles.

Un sujet qui reste tout de même tabou puisqu'aucune des clientes de ce jeudi soir n'a accepté de dévoiler ...son visage, ni même son prénom. «C'est clair qu'il reste du chemin à faire», conclut, lucide, Cathy. ....



«SANS VULGARITÉ» La société «Bonbon rose» a été créée fin 2007 par la Vaudoise Marina Bonnet. Elle emploie aujourd’hui 80 vendeuses dans toute la Suisse, y compris en Suisse alémanique. Dédiée à la bonne santé, à la bonne humeur et au plaisir. C’est pour cela que je me suis intéressée à tout ce qui touchait à la sexualité»,raconte-t- elle. Marina Bonnet avait également de la peine à comprendre la notion de vulgarité qui touchait le domaine des sex-toys. «J’avais envie de montrer qu’on peut améliorer son intimité, sans que cela soit vulgaire. C’est important pour moi que la femme prenne en charge son propre plaisir.» Quant à la clientèle, elle est de tous les âges. «De 18 ans à 75 ans. C’est un sujet qui intéresse les femmes de toutes les générations»,souligne Marina Bonnet.


[20110205]  Zoom