Pieds nus,Marina ouvre
la porte de son appartement
lausannois, et
nous guide jusqu’à son
balcon.Cematin, ses
deux enfants ne sont
pas là. Laurent, son
mari, nous propose
un café et retourne travailler
devant son ordinateur. L’ambiance
est décontractée.Rien n’indique qu’on
vient de pénétrer dans les bureaux d’un site
Internet de vente de jouets coquins. Fondé
parMarina il y a cinq ans,www.bonbonrose.
ch est en pleine expansion. Il totalise
plus de deux cents visites par jour et son
chiffre d’affaires, pour 2010, dépassera le
million de francs.Au point que Laurent,
comptable, vient d’intégrer l’entreprise.
Là, juste sous nos pieds, les quelque
1500 articles proposés en ligne sont entreposés,
bien sagement, dans une cave. Pourquoi
cette ancienne infirmière née à Lyon
en 1973, débarquée en Suisse il y a huit ans,
a-t-elle lancé son sex-shop? «J’étais déçue
de ne rien avoir fait d’artistique dansma
vie. J’avais envie de faire quelque chose de
mes regrets et deme surprendre…J’ai découvert
aussi quema sexualité dépendait
demoi: c’était d’abord àmoi deme donner
du plaisir, que ce soit avec un objet ou pas».
Marina n’envisageait pas de quitter soudainement
son poste à hôpital psychiatrique
deCery, à Prilly. «Mais pendant l’été
2007, j’ai subi une agression par un patient
violent. Par ailleurs, je trouvais qu’il y avait
plein de choses qui n’allaient pas au niveau
de l’institution. J’ai déposéma démission
le lendemain. Je ne l’ai pas regretté! J’ai été
vite débordée par la demande.»
Erotique mais pas vulgaire
Sur «Bonbon rose», on ne parle pas de
«godemiché»mais de «dildo».Unmot
plus classe, pour des jouets éloignés des
clichés habituels. Le gode couleur chair
aux proportions herculéennes, c’est fini.
Les dauphins et les canards vibrants aussi.
Le sex-toy est entré dans l’ère du «design»
(si vous en laissez traîner sous la table du
salon, on le prendra pour un natel futuriste).
On n’y trouve pas de films pornos
non plus. «Je n’ai rien contre, s’ils sont respectueux.
Mais je n’en commercialise pas,
car je cherche toujours ceux qui correspondraient
à l’esprit bonbon rose.»Une des
clefs du succès deMarina, ce sont les ventes
qu’elle a organisées chez ses clientes.C’est
le même principe que pour les réunions
Tupperware, en plus sexy. Mais ne dites pas
«fuckerware», Marina a horreur de la vulgarité. Aujourd’
hui, elle a formé trente-huit «ambassadrices» en Suisse romande, et
cherche à s’implanter en Suisse alémanique.
Cerise sur le gâteau, un stripteaseur «très
sérieux» agrémente les soirées sur demande. Autre secret de réussite : les
commentaires persos de Marina, son humour,
et sa vision pragmatique de la sexualité. «La femme attend toujours
de son (ousa) partenaire qu’il lui apporte le plaisir. Alors que ça dépend
d’elle! La plupart des femmes ne savent pas où est leur point G, elles
ne connaissent pas leur corps et la façon d’
arriver au plaisir,mais elles attendent de l’homme qu’il le sache!
Il faut se prendre encharge soi-même.C’est la condition pour s’
épanouir en couple ensuite.»Marina
met aussi en avant ses connaissances d’
infirmière: «Je continue de soigner les gens,
si on veut. Les boules de geisha permettent
de remuscler le périnée, de lutter contre l’incontinence et d’
améliorer la sexualité. Des physios viennent s’approvisionner
chez nous. On n’en parle pas assez,on est encore plein d’
interdits et de tabous sur le corps féminin.»Est-ce que c’est facile
socialement, de diriger un sex-shop ?
Comment assume-t-
elle par rapport à ses enfants de 5 et 9 ans?«J’en suis arrivée à la
conclusion qu’il ne fallait pas décider de sa vie en fonction
des autres. Peut-être qu’ils auront honte plus tard,mais les enfants ont
honte de leurs parents de toute façon !
Je suis prête à leur en parler, mais quand
ils me poseront des questions.» Pas de
problème non plus du côté des voisins: «La dernière fête de l’
immeuble, on a tous fini en bas,dans le stock.» Et de conclure :
«Les Suisses ne sont pas coincés ! J’ai eu des
discussions extraordinaires pendant des réunions en Valais !
A Genève, il y avait une grand-mère, sa fille et sa petite-fille. Un
échange transgénérationnel magnifique.»
Les hommes aussi
Aujourd’hui, le site se diversifie : écolo sur
bonbonvert, plus hard sur bonbonnoir. Et
les hommes organisent des soirées «entre
mecs», pour se venger de leur copine.
«Ils sont de plus en plus nombreux à découvrir le plaisir
prostatique, mais n’osent pas en parler.» Une panoplie d’accessoires
adhoc les attend donc sur bonbonbleu.ch.
Etre indépendant implique des horaires
contraignants. Le couple ne part guère en
vacances, sauf pour rendre visite à la mère de
Marina, en Martinique. «Je n’ai pas beaucoup de loisirs,ajoute Marina. De
l’electro, pour me mettre en transe. Jouer
aux cartes, faire la sieste, recevoir des amis et danser la salsa !
Je déteste le cinéma. Je suis trop impatiente pour attendre qu’une
scène se termine. Et je ne lis pas, sauf quand je suis enceinte. C’
est curieux. La dernière fois, je me suis surprise à dévorer Apollinaire. J’
ai beaucoup aimé.» N’a-t-il pas écrit justement un roman érotique ?
SES OBJETS FÉTICHES
LE STIMULATEUR CLITORIDIEN «Sa bille vous stimule. L’objet
mémorise votre programme de vibration favori.» Le SaSi, 251fr
LES BOULES DE GEISHA
«Idéal pour faire travailler votre périnée.» Deux boules dans un coffret de
la marque Lelo, 75 fr.
L’OEUF
«Ça vient du Japon, c’est un masturbateur pour
homme.»Tenga Egg,15fr. àl’unité.
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